Je sens que vous avez cliqué car vous étiez curieux de savoir pourquoi et avec quels enfants cette méthode ne fonctionne pas… Héhé, comme si ces mots pouvaient sortir de ma bouche… Et bien, c’est une phrase que je vois de temps en temps sur les groupes de discussion autour de la pédagogie Montessori.
Dans cet article, je vais vous donner les raisons qui, à mon sens, font que parfois certains parents affirment que la méthode Montessori ne fonctionne pas avec leur enfant.
Revenons-en au commencement de la méthode
Maria Montessori, en 1894, dans le cadre de ses études en médecine commence par travailler dans un hôpital psychiatrique auprès d’enfants dit « déficients ». Elle se prend d’affection pour eux, les circonstances dans lesquelles ils vivent la choquent et elle fait tout pour les aider. Elle commence par adapter sa posture et demande au personnel de l’hôpital d’en faire autant, c’est-à-dire d’être attentif aux enfants, d’être bienveillant et de les respecter en tant que personne au même titre que n’importe qui. Puis, elle commence à les observer et à répondre à leurs besoins en fabriquant du matériel pédagogique. Elle constate alors d’énormes progrès chez ces enfants, ce qui la pousse à s’orienter dans ces études et recherches en tant que pédagogue. Elle est convaincue que c’est en accompagnant le petit enfant du mieux possible que l’on forme des adultes bons, intelligents et responsables.
Elle ouvre ensuite, en 1907, avec l’aide de la ville de Rome, la première maison des enfants dans le quartier défavorisé de de San Lorenzo. Elle y accueille des enfants issus de familles pauvres, avec souvent des parents illettrés et qui passent leur temps à jouer dans les rues. Elle continue son travail d’observation et va fabriquer la plupart du matériel que l’on retrouve encore aujourd’hui dans les écoles Montessori.
Ces images en NB proviennent du site vsamerica.com qui présente le livre : « Montessori: Teaching Materials, Furniture and Architecture, 1913-1935 » publié par Thomas Müller et Romana Schneider Prestel Verlag en 2002.
marcher sur la ligne en rythme, Maison des enfants à Vienne, 1935
Elle constate comme tous les parents que les enfants progressent rapidement, apprennent les bonnes manières, s’expriment de mieux en mieux et se mettent même à lire et à écrire très tôt. Elle leur fait passer l’équivalent du certificat d’étude de l’époque et ils obtiennent d’excellents résultats, meilleurs que ceux des écoles publiques voisines.
Elle se demande alors comment se fait-il que les enfants sans difficultés des écoles publiques n’obtiennent pas d’aussi bons résultats et imagine ce que cela donnerait si ces enfants avaient accès à sa méthode…
Maria Montessori décide alors d’ouvrir d’autres écoles, de former des maîtresses à sa méthode et elle a rapidement un grand succès ! À l’époque sa méthode est reconnue partout dans le monde par tous ses pairs comme étant parfaitement efficace !
Maison des enfants à Berlin-Tegel, 1948.
Alors pourquoi cela ne fonctionne pas avec certains ?
Ce qu’il faut comprendre c’est que la méthode, comme l’appellait Maria Montessori, ne se résume pas à du matériel et du mobilier adapté, ce n’est pas non plus une recette miracle… Cela demande un gros travail de réflexion de la part de l’adulte sur lui-même, un travail de remise en question, c’est toute sa posture envers l’enfant qu’il faut adapter. Montessori, c’est une manière de s’exprimer, de se comporter, de voir l’enfant et de lui offrir toute notre confiance. Montessori, c’est aussi faire l’effort d’apprendre comment fonctionne un enfant, quels sont les différents stades de développement qu’il traverse, quelles sont ses périodes sensibles, comment fonctionne son cerveau dans telle ou telle situation…
Lettres rugueuses, Maison des enfants à Berlin, autour de 1927.
L’adulte doit savoir s’effacer quand il le faut et accompagner l’enfant lorsque celui-ci a besoin de son aide. Il doit faire en sorte que le petit enfant ait la possibilité de devenir autonome tout au long de sa journée pour qu’il se construise intérieurement et qu’il prenne de plus en plus confiance en lui.
Savoir observer son enfant est une des choses les plus importantes, c’est bien par là que Maria montessori a commencé. Si l’on n’observe pas son enfant et qu’on lui apporte un matériel sous prétexte que d’autres enfants du même âge font la même chose, cela n’a aucun intérêt ! Prendre le temps de se poser, d’observer ce que fait notre enfant dans ses moments de liberté, avec quoi il aime jouer, à quoi il s’intéresse, de quoi il nous parle : c’est comme cela que nous pourrons savoir ce dont il a besoin. Tous les enfants sont différents et ne se passionnent pas pour la même chose au même moment…
Bien sûr, si l’on décide d’offrir à notre enfant du matériel Montessori, il faut prendre le temps de le découvrir soi-même, savoir à quoi il sert, comment on le présente à l’enfant et quand. Car, si on se contente de poser un nouvel objet devant l’enfant en le laissant explorer, il est tout à fait possible qu’il le détourne totalement de sa fonction ou qu’il ne s’y intéresse pas car il n’y voit pas d’intérêt. Également, une présentation bâclée, avec trop de gestes et de mots inutiles ne fera pas du tout le même effet qu’une présentation lente et silencieuse, avec des gestes précis et réfléchis, une main légère et raffinée.
De plus, il est important de garder en tête que ce n’est pas le résultat qui est important lorsqu’un enfant s’entraîne à un exercice mais le chemin qu’il parcourt intérieurement. C’est en répétant les gestes et en s’exerçant qu’il se perfectionnera et prendra confiance en lui. Car oui, ce qui est important c’est la personne qu’il est en train de devenir, avec ses qualités et ses valeurs qui grandissent en lui, et non le fait qu’il soit doué en math ou en lecture !
Il en va de même pour les différentes matières que l’on propose à nos enfants, si vous présentez des bols multicolores en plastique sur un plateau avec des petits pingouins qui dansent, et une cuillère en plastique pour transvaser des pompons à paillettes, cela n’a rien à voir avec le fait de présenter 2 jolis bols en verre posés sur un plateau en bois et contenant du riz qu’il faut transvaser avec une réelle cuillère à soupe… Il est toujours préférable d’avoir moins de choses mais qu’elles soient belles. Les enfants sont sensibles à ce qui est raffiné, fragile et beau. Et puis, si on ne leur propose que du plastique par exemple, par peur qu’ils ne cassent, comment apprendront-ils à faire attention aux objets fragiles, à respecter et à prendre soin de ce qui les entoure ?
Et finalement
En gros, ce que je veux dire c’est que si la méthode ne fonctionne pas, demandons-nous si l’on a bien compris toutes les subtilités qu’elle préconise ; si nous avons le comportement adapté envers nos enfants ; et si le matériel que nous proposons répond réellement à ses besoins à cet instant précis. Montessori, ça ne s’improvise pas, c’est tout un cheminement qu’il m’a fallu, beaucoup de lectures et d’observations pour en arriver où j’en suis avec mes enfants. Mais lorsque l’on s’y intéresse pour ses propres enfants, ou par amour pour tous les enfants, il y a des chances pour que cela nous passionne et que l’on ait envie d’en apprendre d’avantage. Et puis, lorsque l’on assiste au spectacle de l’effet produit sur nos enfants, cet amour du travail, de l’effort, d’apprendre, ces petites réussites qui leur collent des sourires et cette confiance qui grandit, on ne peut qu’être convaincu ! 😍
Sur ce, je vous souhaite une belle journée, prenez le temps de la réflexion. Lisez, lisez encore pour vous imprégner de cette magnifique méthode et surtout, profitez un max de vos enfants, un jour ils seront grands !
Comme toi, je ne crois pas qu’il y ai des enfants à qui la méthode ne convienne pas. En revanche, je suis sûre qu’il y a beaucoup de parents pour qui cette méthode n’est pas faite !
Comme tu le dis, il faut être prêt en tant que parent, à se remettre en question, à savoir s’effacer, à prendre un rôle peut être différent de celui qu’on avait imaginer, plus accompagnant que maître ; être prêt à laisser le temps à son enfant d’aller à son rythme naturel…
Et pourtant, même si ces choses là ne pose aucun problème (c’est mon cas), il peut encore y avoir des obstacles ! Personnellement, si j’ai beaucoup d’affinités avec certaines idées phares de la pédagogie (« aide moi à faire seul »), je suis gênée par d’autres aspects. Par exemple, si je comprends la théorie d’avoir « un matériel dédié à un apprentissage », dans la pratique, cela me gêne beaucoup : ça n’est ni minimaliste ni vraiment compatible avec le jeu libre où il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon d’utiliser le matériel.
Bref, ça ne sont que des exemples, mais je crois qu’il n’y pas simplement un problème de compréhension de la méthode mais aussi de convictions !
Merci pour ton commentaire, en effet dans les école Montessori, il n’y a pas de place pour le jeux libre et les ambiances contiennent beaucoup de matériel pédagogique et d’objets de la vie pratique, rien de minimaliste, mais c’est bien le cas dans la plupart des école, voire pire dans beaucoup de classe maternelle où on ne distingue plus la couleur des murs tellement il y a d’affichages et de jeux de société sur les étagères !
Par contre il faut bien voire qu’il y a une différence entre école Montessori et accompagner ses propres enfants dans une approche Montessorienne à la maison. Il n’est bien évidement pas possible de posséder tout le matériel Montessori et c’est plus la philosophie que l’on tentera d’appliquer. Il est évident qu’à la maison on proposera bien d’autres jeux, jouets, activités à nos enfants que le simple matériel pédagogique. Le jeux libre fait partie de l’enfance et qui serions nous si il était bannit de notre maison… Il est évidemment intéressant au sein d’une fratrie, cousins ou entre petits voisins…
Mes enfants comme tous ont de petites voitures, des poupées etc. 😉 Cependant je suis convaincu par mon expérience que ces jeux et jouets n’ont pas d’intérêt à l’école puisque l’enfant en a en général suffisamment chez lui. Et nous savons qu’avant 5 ans l’enfant a besoin de travailler individuellement pour se construire intérieurement, construire sa personnalité, prendre confiance en lui pour pouvoir s’ouvrir aux autres.
Après, bien sûr je comprend que cette méthode puisse ne pas convenir à des familles qui font le choix des apprentissages auto-gérés par exemple, où on ne parle pas de pédagogie puisque l’enfant apprend par ses propres expériences. Mais dans ce cas il sera quand même nécessaire de fournir un environnement très riche à l’enfant pour qu’il ai la possibilité de découvrir par lui-même…
Finalement, comme pour d’autres méthodes, ça demande beaucoup d’implication de la part des parents.
Parfois un travail sur soi est nécessaire. Depuis que j’ai découvert Faber et Mazlish par exemple, j’ai totalement changé ma manière de communiquer avec mon beau-fils. Pour les plus curieux, j’en parle ici :
https://www.parentalitezen.com/parler-pour-que-les-enfants-ecoutent/
Quand on se met à la place de l’autre, on change notre manière de communiquer. Ça devient même naturel. Et surtout ça améliore aussi nos relations entre adultes 😀
Je suis tout à fait d’accord avec toi Chang, cela nous change, change nos rapports avec les autres. Moi j’ai eu l’impression de faire une réelle introspection lorsque j’ai commencé à me plonger dans les lectures de Maria Montessori ainsi que dans celles des spécialistes de la parentalité ou des neuroscientifiques. Cela m’a permit d’analyser mon enfance, mon passé et de ne pas répéter les mêmes erreurs. La vie que je souhaite à mes enfants me donne l’énergie pour faire ce travail sur moi qui est nécessaire pour accompagner au mieux nos enfants. 🙂