Éducation à la maison version Montessori, Principes de la pédagogie Montessori

Comment observer son enfant selon Montessori pour répondre au mieux à ses besoins ?

Tout le travail de Maria Montessori est le résultat de ses observations sur les enfants. Pour elle, l’observation est le point de départ pour comprendre toute chose. En effet je parle ici d’observation comme acte de recherche, cela ne doit pas être une simple contemplation passive mais un exercice de concentration. Il s’agit d’un réel investissement dans le but de comprendre l’enfant ; ce qu’il fait ; pourquoi il le fait et comment il le fait. Tout cela nous amène à lui proposer un environnement et du matériel adaptés.

La première chose constatée par Maria Montessori suite à ses observations est le travail de la main du petit enfant. En effet si vous observez un enfant entre 0 et 6 ans vous verrez qu’il a sans cesse besoin de toucher, de manipuler pour comprendre ce qui l’entoure. Il a également besoin de faire seul, d’imiter les gestes des plus grands pour s’approprier la gestuelle des actes du quotidien de la culture dans laquelle il vit. C’est ainsi qu’elle comprend qu’un matériel que l’enfant peut manipuler aussi longtemps que nécessaire est la réponse à tout apprentissage et c’est pourquoi elle a fabriqué tout le matériel que nous trouvons encore aujourd’hui dans les écoles Montessori.

L’observation est donc le point crucial de la pédagogie Montessori. Elle nous permet d’être comme connecté au « guide intérieur » de chaque enfant et de comprendre ce dont il a besoin. Elle nous permet de comprendre les manifestations extérieures, les comportements de l’enfant qui traduisent un état intérieur.

 

Je vais vous raconter une petite scène pour vous illustrer mes propos.

Je me trouvais dehors avec mes enfants, Camille 4 ans et Charlie 20 mois. Il faisait beau, nous étions descendus prendre le goûter dans le jardin devant chez nous et les enfants jouaient avec d’autres petits voisins. Je me suis assise sur le banc à l’ombre et j’ai commencé à observer un petit voisin qui a l’âge de mon fils pour voir où il en était dans sa motricité. Je trouve cela tellement magique de pouvoir, en observant des enfants, suivre leur cheminement, leurs petites et grandes découvertes qui semblent passées inaperçues pour la plupart des adultes qui ne prennent jamais le temps de les observer…

J’observais donc ce petit garçon qui regardait avec attention des fourmis qui marchaient en ligne dans l’interstice que formait la petite allée en béton le long de la pelouse. Il était accroupi et se déplaçait parfois, tel un crabe, en bougeant ses pieds sur le côté. Il approchait de temps en temps un doigt et touchait la terre puis le retirait rapidement et repliait ses bras entre son torse et ses genoux.

Sa grand-mère se tenait à quelques mètres et discutait avec la maman d’un autre petit voisin. Au bout d’un moment, elle lui dit qu’ils allaient bientôt partir pour rentrer chez ses parents. Il ne la regarda pas et répondu d’un bref « hum » sans lâcher les fourmis du regard.

Je pense qu’il est resté 5 bonnes minutes à les observer avant que sa grand-mère ne vienne le voir et lui annonce qu’il était l’heure de partir maintenant.

Il répondit « non » tout en fronçant les sourcils et laissant dessiner une petite moue sur son visage. La grand-mère l’attrapa pour le porter et il se crispa, commença à crier, se débattit… Sa grand-mère lui répondit avec des arguments tels que « papa et maman t’attendent, tu ne veux pas les voir ? » sans comprendre le pourquoi de cette colère qu’il exprimait. Lui étant captivé par ces fourmis, leur manière de se déplacer, de transporter de minuscules choses le fascinaient ! Il ne comprenait pas pourquoi on l’arrachait à ce spectacle incroyable !
Quel message lui transmet sa grand-mère à ce moment-là (à son insu d’ailleurs) ?. Que les désirs des autres passent avant les siens, que ce qu’il fait, ce qu’il ressent est moins important…

Ce petit garçon est clairement dans la période sensible des petits objets et il est facile de le constater en l’observant un peu.

Selon moi, sa grand-mère, si elle avait pris le temps de l’observer comme je le faisais, aurait pu aller le voir et se mettre à sa hauteur. Lui dire « tiens je vois que tu observes des fourmis, on dirait que tu es très intéressé, tu aimes les fourmis ? » Et lui dire enfin calmement qu’il était temps de rentrer, qu’il pourrait raconter à son papa et sa maman sa découverte. Elle aurait sans doute évité la crise.

 

L’observation nous permet donc de comprendre ce que vit l’enfant à chaque instant, quel est son cheminement, où il en est de sa construction intérieure. Cela peut aussi nous permettre d’ajuster notre propre comportement envers lui, ou simplement de le soutenir, de l’envelopper de notre présence rassurante et lui permettre d’agir en sécurité.

Vous avez sans doute déjà entendu votre enfant vous dire « tu me regardes, hein ! » lorsqu’il fait une activité. C’est qu’il a besoin de notre regard sur lui pour se sentir soutenu, sécurisé. Plus nous lui offrons notre présence lorsqu’il en a besoin, plus facilement il pourra avancer seul et se sentir en confiance car il aura construit cette sécurité intérieure.

Lorsqu’il y a des conflits dans un groupe d’enfants, ou qu’un enfant agit différemment de d’habitude, nous pouvons décider de nous poser en retrait et d’observer un moment. Cela nous permet de comprendre le pourquoi et d’apporter une solution.

 

Comment procéder ?

Pour cet exercice il sera préférable de se placer dans un coin de la pièce, sur une chaise, où vous aurez une bonne vue d’ensemble. Il est important d’avoir un objectif définit au préalable pour n’observer que ce qui nous intéresse et ne pas se laisser happer par la moindre distraction. Il est également important de lâcher ses préjugés, d’observer avec un regard neutre et de ne pas interpréter. Il vous faudra un carnet et un crayon. Vous noterez tout ce que vous observez, dans les détails. Vous pouvez indiquer des repères temporels pour la relecture. Il faut essayer de décrire au plus près l’action qui se déroule sous vos yeux, de quelle manière précise l’enfant fait ce qu’il fait…

Une fois votre observation terminée vous relirez vos notes et essayerez de les retranscrire si vous le souhaitez pour mieux les analyser et en tirer des conclusions si cela est possible ou du moins ce que vous pensez avoir compris…

Personnellement je trouve fascinant d’observer les tout petits bébés, leur manière d’interagir si délicatement avec le monde, d’observer eux-mêmes les gens, les choses qui les entourent de manière si intense. J’aime aussi beaucoup observer les enfants de 1 à 2 ans car ils s’émerveillent de tout. Mais je crois que ce que je préfère observer ce sont les enfants un peu plus grands, entre 4 et 6 ans lorsqu’ils travaillent, ils entrent dans une profonde concentration et se donne entièrement à la tâche qu’ils cherchent à accomplir et la manière dont ils sortent de cette concentration et redeviennent eux-mêmes.

Maria Montessori disait que l’observation nous permet d’aller à la rencontre de l’enfant, de son maître intérieur, au-delà de ce qu’il nous donne à voir.

Elle observe qu’à la suite de ces moments de concentration les enfants se transforment, ils deviennent plus paisibles, plus posés et se tournent ensuite plus facilement vers les autres. Elle observe également que la condition à la concentration c’est le mouvement, c’est en manipulant un matériel qu’ils se nourrissent sur le plan psychique.

 

J’espère que cet article vous aura inspiré et donné envie de prendre un moment pour vous poser et observer votre enfant pour découvrir toute la magie qui opère en silence sous vos yeux. N’hésitez pas à me faire part des résultats de vos observations dans les commentaires, cela m’intéresse !

Et profitez un max de vos enfants, un jour ils seront grands ! 😉

 

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