C’est le savant Hollandais De Vries qui découvrit les périodes sensibles chez les animaux.
Maria Montessori a retrouvé ces périodes sensibles dans la croissance des enfants en les observant dans les écoles qu’elle a créées et les a utilisées du point de vue de l’éducation.
Il est question de sensibilités particulières que l’on observe chez le petit enfant en voie de développement. Ces sensibilités ont une durée limitée et permettent l’acquisition d’un caractère déterminé. Une fois ce caractère développé, la sensibilité cesse.
Certaines de ces périodes sensibles commencent dés la vie intra-utérine et vont au plus tard jusqu’à l’âge de 7 ans :
- Il y a la période sensible de l’ordre qui va de la naissance à 6 ans.
L’enfant a besoin de repères, dans le temps comme dans l’espace. Il a besoin d’être bercé par une certaine constance dans son quotidien. Le fait de voir les objets qui l’entourent à leur place le rassure et lui permet de se repérer. - La période sensible du mouvement va de la naissance à 5-6 ans.
Pendant cette période, l’enfant apprend à marcher en passant par une succession d’étapes allant du haut du
corps vers le bas. Il apprend également à se servir de sa main, outil de plus en plus précis à mesure qu’il grandit. - La période sensible du langage qui s’étend de la vie intra-utérine à l’âge de 7 ans.
L’enfant commence par entendre, écouter et absorber le langage puis prononce ses premiers mots pour ensuite lire, écrire et enfin s’intéresser à la grammaire. - La période sensible du raffinement sensoriel, de la naissance à 6 ans.
L’enfant développe ses sens. Il a besoin de toucher, de faire les choses par lui-même. - La période sensible aux petits objets, de 1 à 6-7 ans, avec un pic à 2 ans.
L’enfant est attiré par les miniatures, il précise par là son acuité sensorielle. - La période sensible de la socialisation, depuis la vie intra-utérine avec un pic à 6 ans.
L’enfant pour se développer et vivre normalement a besoin de l’autre.
Il est primordiale de respecter ces périodes sensibles chez le petit enfant car si celui-ci n’a pu obéir à ces directives, l’occasion d’acquérir naturellement une caractéristique est perdue à jamais et la tâche sera bien plus laborieuse.
On définit ces périodes de « sensible » car l’enfant est comme frappé par un élan qui lui permet de voir le monde qui l’entoure de manière très intense et de comprendre et absorber des choses nouvelles avec une facilité surprenante. Et c’est la joie que nous lisons dans ses yeux qui nous permet de la constater.
Si l’on prend comme exemple le langage, il est impressionnant de voir que le petit enfant de 3 ans a absorbé la langue maternelle, et parfois même plusieurs langues différentes, avec toutes ses difficultés grammaticales et lexicales qui les composent. Alors que nous constatons qu’après 7 ans, une fois cette période sensible passée, il est très difficile d’apprendre une nouvelle langue.
Le petit enfant est alors poussé par ce besoin de travail, de concentration, d’effort et de perfectionnement. Voilà pourquoi il est nécessaire de ne pas perturber, d’entraver ce phénomène naturel. L’adulte doit faire en sorte que le milieu de l’enfant soit propice à son bon développement.
Si malheureusement lors d’une période sensible chez l’enfant, survient un obstacle extérieur qui le perturbe dans son travail, et bien souvent nous, adultes sommes le premier frein à ce travail, alors il peut montrer les signes d’un grand bouleversement qui peut se traduire de façon violente comme des crises de colère ou de pleurs, voire même des symptômes de maladie.
Depuis que Maria Montessori a étudié ces périodes sensibles nous avons compris ces réactions que nous pensions auparavant sans cause et irraisonnées que nous appelions « caprices ». (Nous sommes contents d’apprendre aujourd’hui, prés d’une centaine d’année plus tard, que les neuroscientifiques confirment le travail de Maria Montessori.)
Ces « caprices » sont en effet le résultat visible d’un besoin qui a une importance capitale pour l’enfant et qui est insatisfait, d’un développement imparfait, irréparable dans la construction de son moi intérieur.
Ils disparaissent aussitôt s’ils sont compris et satisfaits. On voit alors la satisfaction, le sourire revenir sur le visage des nos enfants.