Éducation à la maison version Montessori

Pourquoi de nombreux enfants ont des problèmes de comportement ?

Je discute avec de nombreux parents, que ce soit dans mon entourage ou des lecteurs parmi vous qui êtes nombreux à m’écrire. Je fréquente aussi des enseignantes et des éducatrices Montessori. Un sujet qui revient souvent c’est le sujet des enfants qui ont un « mauvais » comportement, qui sont « énervés », « excités », qui font des « crises » ou des « bêtises ». Je mets ces mots entre guillemets car ce ne sont pas les miens. 😅

Alors pourquoi tant d’enfants ont-ils du mal à gérer leur comportement et leurs émotions ? D’après moi, plusieurs facteurs sont à observer.

Le comportement de l’adulte

Pour moi, la première chose à considérer, c’est le comportement des adultes, parents, enseignants, assistantes maternelles… Par chance, nous faisons partie d’une génération qui a compris que les manières d’éducation employées jusque-là n’étaient pas les bonnes. Nous l’avons compris, nous nous efforçons de changer notre regard sur l’enfant, notre comportement.

Nous sommes plus patients, nous leur laissons plus d’autonomie, nous essayons de leur apprendre à reconnaître leurs émotions et leur accordons plus de liberté.

Cependant, lorsqu’ils prennent cette liberté et expriment leurs besoins, leurs envies, leurs choix, nous ne sommes pas toujours prêts à les entendre… et cela mène régulièrement tout de même au conflit…

Nous sommes la génération « charnière » et il nous est encore souvent difficile de gérer nos propres émotions, de revenir sur des préjugés ancrés depuis des générations et d’avoir un comportement approprié comme on nous le répète dans les livres d’éducation bienveillante ou les vidéos de mamans blogueuses… Et c’est tout à fait normal ! Je suis convaincue qu’il faudra encore deux ou trois générations pour que l’éducation bienveillante devienne naturelle et facile pour la plupart des parents.

Les nouvelles technologies

Aujourd’hui, nous vivons dans un monde de multimédias. C’est super pour nous, adultes. Cela facilite énormément notre vie quotidienne, notre travail. Mais pour nos enfants, les plus jeunes, cela est plus que dommageable. Nous pouvons tous constater que, pour la plupart des parents, il est difficile d’empêcher l’exposition de nos enfants aux écrans. Je ne parle pas forcément des cas de sur-exposition qui ont des conséquences importantes et handicapantes sur le développement des enfants comme des résultats scolaires en baisse, un retard de langage, des troubles de l’attention et du comportement, des déprimes…

Je parle d’une exposition régulière, quotidienne ou presque. Même si cela n’a rien de dramatique, le fait d’être confronté à un écran, télé, tablette, smartphone, jeux vidéos, peuvent entraîner à court terme des réactions plus ou moins violentes chez les enfants ainsi que différents troubles : surpoids, troubles du sommeil, agressivité, myopie entre autre.

Il faut savoir qu’il y a une différence entre les images violentes et la violence des images. Même si le programme est choisi, qu’il ne comporte apparemment pas de scènes violentes, la manière dont ils sont montés est une forme d’agression en soit.

En effet, la rapidité des images, les flash lumineux qui les composent, le son plus ou moins rapide et stressant, ainsi que l’état de veille dans lequel est plongé le cerveau (qui est proche de celui dans lequel il se trouve lorsqu’on s’endort) et qui fait que l’on a du mal à « décrocher », font que lorsque l’on éteint la télé, l’enfant s’énerve. Il a besoin d’évacuer ce stress emmagasiné et veut retrouver cet état hypnotique, presque léthargique. Les enfants ne comprennent alors pas du tout ce qui leur arrive, ils ne sont pas responsables de ces crises et il ne sert à rien de les réprimander ou d’essayer de les raisonner.

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L’alimentation

Le sucre et la « malbouffe » entraînent des réactions qui influencent notre comportement.

Plusieurs études ont démontré un lien entre l’hypoglycémie et la violence des individus. Ainsi, lorsque l’on place ces individus violents sous un régime alimentaire équilibré, la violence et les émotions extrêmes cessent.

Aujourd’hui plus que jamais, le sucre est très présent dans notre alimentation. Lorsque nous voyons qu’en une journée des enfants se nourrissent de brioches, biscuits, yaourts, céréales, pain, pâtes, plats cuisinés du commerce, boissons avec exhausteurs de goût, friandises, etc… il ne faut pas chercher bien loin la cause de certains comportements « débordants ».

Voici des explication claires permettant de comprendre pourquoi trop de sucre entraîne des troubles du comportement. Cet extrait vient de l’article « Le sucre et la malbouffe nous rendent fous » du site alternativesante.fr, que je vous invite à lire.

« L’explication de l’influence de la consommation de sucre sur l’humeur est assez simple. Quand le sucre est consommé en excès, le pancréas s’affole et fournit trop d’insuline. Celle-ci, comme on le sait, devant régler le taux de sucre dans le sang. Du coup, le sang se trouve en carence de sucre, et c’est l’hypoglycémie. Le corps tente alors de remonter ce taux de sucre en stimulant les surrénales qui vont produire deux types d’hormone : d’une part l’adrénaline et d’autre part l’épinéphrine et sa cousine la norépinéphrine. Ces hormones excitent le cerveau et le mettent en hyperactivité. Mais, comme le cerveau manque de sucre (son principal carburant est le glucose), il produit du glutamate, qui est un neurotransmetteur excitateur. Il en résulte alors une grande nervosité.
La consommation de sucre est toujours suivie d’une hypersécrétion d’insuline. Le taux de sucre dans le sang tombe si bas, que l’on est pris d’une sensation d’anxiété, de colère, de fatigue, et même de faiblesse intense, accompagnée … d’une envie impérative de sucre ! Et l’on est piégé dans un cycle infernal d’addiction… »

Le manque de travail

Oui! Oui! Vous avez bien compris. Je pense que nos enfants ne travaillent pas assez à la maison. Je ne parle pas d’école et des devoirs où, pour le coup, je pense qu’on leur en demande beaucoup trop… Mais des tâches ménagères, et autres tâches qui font partie de la vie de famille. Trop souvent nous avons tendance à faire à leur place. Nous faisons les choses pour aller vite, pour que ce soit bien fait, par automatisme…

Mais le fait de « faire par eux-même » ne leur apprend pas seulement à accomplir une tâche, mais aussi à construire leur confiance en eux dont ils ont tant besoin. Il produit aussi un sentiment d’appartenance et un effet gratifiant d’avoir accompli une chose d’utile à toute la famille.

Si nous faisons tout pour eux, faire à manger, laver leur linge, ranger la maison, cirer leurs chaussures, toutes ces choses qu’ils sont capables de faire ou pour lesquelles ils peuvent participer dès 2 ans, alors c’est leur estime d’eux-même qui en prend un coup.

Inconsciemment, bien sûr, ils se méprennent et comprennent « je ne suis pas capable ».

Quiconque aime cuisiner sait que c’est très valorisant de nourrir ceux que l’on aime et de recevoir leur gratitude et leur joie lorsqu’ils se régalent. Nos enfants ont aussi besoin de cela.

Plus on leur donne de responsabilité, plus ils se sentent capables et plus ils sont motivés pour participer.

C’est pas forcément évident pour tous les parents. Nous commençons avec un bébé totalement dépendant et l’objectif est d’avoir un ado de 18 ans autonome qui n’a plus du tout besoin de nous. Nous devons donc progressivement élargir le champ de leurs responsabilités et réduire le notre.

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Les enfants n’ont plus le temps de jouer

La génération de nos parents a passé son enfance dehors, dans la rue, dans la forêt, dans les champs… Ils était très autonomes. Les grands gardaient les petits et ils passaient beaucoup de temps à jouer dehors, sans vraiment être surveillés. Ils apprenaient à résoudre les conflits par eux-même, motivés par cette envie de continuer à jouer sans adulte sur leur dos. Les groupes se formaient, voisins, cousins, copains… Les adultes leur accordaient une grande autonomie et donc une grande liberté, ce qui accroit l’estime et la confiance en soi.

Lorsque j’étais enfant, nous avions déjà beaucoup moins de liberté, cela se résumait aux périodes de vacances lorsque nous allions chez les grands parents et que nous retrouvions cousins et amis. Nos grand-mères, qui avaient élevé nos parents dans cette liberté nous laissaient partir explorer les alentours et la nature, faire nos propres expériences le temps de quelques semaines. C’était chouette!

Or, de nos jours, les enfants sont en permanence sous la surveillance des adultes. Parents, nounous, enseignants, babysitteurs… Il est rare de voir des enfants sans surveillance, et d’autant plus dans les grandes villes.

Les enfants ne prennent donc pas de petits risques, ils n’ont pas la possibilité de peser le pour et le contre, ils ne gèrent pas leur temps, ils ne règlent pas les conflits par eux-même car il y a toujours un adulte pour intervenir. Toutes ces compétences qui se développent et s’apprennent par le jeu, si on leur laisse le temps et l’espace…

J’essaye progressivement d’accorder de la liberté à Camille, en prenant sur moi et cela me vaut parfois des réflexions de la part de mes voisins… Je sais que les gens ont peur, peur de tout…
Mais je pèse le pour et le contre et me dis que le risque qu’il lui arrive quelque chose de grave n’est pas si grand que cela alors que la perspective qu’elle ne développe pas sa confiance en elle, qu’elle ait peur de tout, qu’elle soit peu sociable par timidité, qu’elle ait besoin de moi pour tout du fait que je sois toujours là avec elle à anticiper le moindre « danger » m’attriste beaucoup.

Pendant que l’on parle du jeu, je pense que, contrairement à ce que l’on retrouve dans la pédagogie Montessori, le jeu libre est intéressant en dehors de l’école (je précise car en effet je trouve que cela n’a pas sa place à l’école comme le préconise Maria Montessori). J’observe que de plus en plus de parents proposent des activités dirigées à leurs enfants, des activités pédagogiques, pour développer des compétences. Je pense qu’il est super de proposer toutes sortes d’activités à nos enfants à la maison, qu’il est important de les laisser en libre accès et réalisables en autonomie. L’enfant doit être libre de choisir s’il veut travailler les mathématiques, revoir les lettres, lire un livre, faire une construction en lego ou que sais-je. Si l’initiative vient du parent, cela ne produit pas du tout le même effet sur l’enfant qui ne le fait pas pour lui, pour se nourrir sur le plan intellectuel, mais pour répondre aux attentes de ses parents.

Tout est une question de point de vue

Je veux enlever un peu de la pression de la parentalité. Pour vous apaiser un peu, dîtes-vous que chaque instant n’est pas question de vie ou de mort. Nous pouvons laisser nos enfants se débattre un peu, les laisser échouer même. Les comportements que nous jugeons « mauvais » sont en réalité normaux, ils font partie du processus de l’enfance qui leur sert à décrypter le monde, à comprendre et accepter ce qu’ils peuvent faire ou non. Tous les enfants, tous les parents passent par ce chemin on ne peut plus normal. 🙂

J’aimerais savoir si vous, en tant qu’adulte, parent, vous arrivez à gérer vos émotions, si vous pensez avoir les clés pour répondre avec bienveillance aux comportements jugés parfois difficiles de vos enfants ? Si vous avez besoin de conseils, ça tombe bien, c’est le sujet de mon prochain article. 😉

Si cet article vous a plu et que vous pensez qu’il peut aider d’autres parents, n’hésitez pas à le partager, le commenter ou juste liker ! À très vite ! Et profitez un max de vos enfants car un jour ils seront grands ! 😉

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16 thoughts on “Pourquoi de nombreux enfants ont des problèmes de comportement ?

  1. J’adore cet article, il m’a éclairé sur certains points qui étaient inconnus jusque là…
    J’ai appris à laisser un peu de liberté à mon ainé via les lectures sur l’éducation positive et bienveillante.

    Merci pour ce blog
    Juste une petite question: comment cous gérez vous la nervosité après avoir enlevé un écran? Et comment faites vous avec un enfant plus âgé (5ans et plus)

    1. Merci Naci pour votre commentaire, ça fait toujours plaisir d’avoir des retours positifs. 🙂
      Pour prévenir la crise après la télé, je dirais qu’il faut respecter certaines règles comme annoncer à l’avance le délais autorisé devant la télé, puis prévenir quelques minutes avant la fin que c’est bientôt le moment d’éteindre. Respecter un délais relativement court pour les enfants encore jeune (5-6 ans). Et si possible, parlez-lui pendant le temps de visionnage, il faut essayer de faire en sorte que son cerveau n’entre pas dans cet été hypnotique de veille, posez-lui des questions sur ce qu’il observe, ce qu’il comprend…

      Et si la crise éclate malgré tout, essayez de rétablir le contact physique dans un premier temps car il n’est pas capable de raisonner. Donc un gros câlin, des paroles douces et rassurantes, puis si besoin on met des mots sur ce qu’il ressent en disant qu’on comprend qu’il soit frustré, qu’il avait encore envie de regarder la télé mais que c’est la règle et que lorsque le temps est écoulé on éteint. Et essayer de passer rapidement à autre chose.

      J’espère que ces conseils vous seront utiles. 🙂

  2. Excellent article, agréable à lire et bien illustré. Nous ne pouvons que constater que l’enfant est en permanence sous surveillance. Quand j’étais enfant, nous avions beaucoup de liberté et nous étions sans cesse dehors. Redonner de la liberté à nos enfants est indispensable. Ils ressentent notre confiance et développe leur confiance en eux.

  3. Bonjour Flora,

    Je te remercie énormément pour les éclaircissements que vous avez apporté dans votre article. Ils sont d’une grande utilité et m’ ont aidé à comprendre certaines choses.
    Personnellement, mon plus grand souci est avec mon aîné (3 ans et demi), il est troooop pleurnichant et je ne sais pas quoi faire avec lui. J’essaie de faire de mon mieux pour lui expliquer en douceur que les pleurs ne vont pas l’aider à résoudre son problème ni à avoir ce qu’il veut; surtout avec moi, cette méthode ne marchera certainement pas ( peut être avec ses grands parents 😜). Mais, comme vous l’avez signalé dans votre article, on n’arrive pas toujours à gérer nos propres émotions et s’énerver contre nos enfants, dans un moment de faiblesse ou de colère. Toutefois, je finis toujours par me culpabiliser car j’ai peur que ça aura un effet négatif sur son self-estime et sa confiance en soi. Je vois en lui un grand potentiel que je ne veux pas risquer de l’anéantir ou le voir s’éffondre à cause de mes crises de colère contre lui mais je ne sais pas vraiment comment faire, il pleure de tout et de rien… 😥😥. J’espère que ça va se dissiper avec le temps et l’âge, car c’est vraiment pénible de se contrôler devant ses pleurs incessantes 😓😓.

    1. C’est un passage tout à fait normal autour de 4 ans, les enfants ont tendance à « chouiner »… Cela va passer ! 🙂
      Essayez de garder le calme et la bienveillance dont vous faites preuve et dites lui que vous comprenez qu’il soit triste, ou mécontent, ou autre émotion mais que c’est la règle…

  4. Bonjour,
    Je vous remercie énormément pour les éclaircissements que vous avez apporté dans votre article. Ils sont d’une grande utilité et m’ ont aidé à comprendre certaines choses. 🙂

  5. Bonjour,
    Je me permets de poster un commentaire , parce que je suis un peu perdue depuis la rentrée de mon fils , 3ans, à l’école récemment .
    Voilà il a intégré une classe au fondement pédagogique de Montessori.
    Il a un comportement catégorisé de Difficile /Perturbateur.
    Il a des accès de colère, cri tape maintenant pleure. Il lui arrive de suivre une autre enfant et à deux ils deviennent un duo de choc (infernal pour l’enseignante).
    Au début, dans les premières semaines de la rentrée, l’enseignante me disait qu’elle appliquait punition ou isolement à l’extérieur de la classe, mais que ça ne fonctionnait pas.
    Ensuite il prend les objets lance ou les fait tournoyer mais c’est risqué pour les autres enfants.
    Ils sont 29 de 3 à 6ans. L’enseignante me dit qu’en individualité ou petit groupe ça se passait bien, mais en libre accès dans la classe c’est difficile.
    Alors ce qui me chagrine énormément c’est bien sûr le portrait de mon enfant que l’enseignante me dépeint , et le petit garçon qui n’est pas du tout le même en dehors de l’école.
    Oui comme tous petits, il teste, mais c’est vraiment exceptionnel les jours où il m’a fait une crise. Souvent c’est en cas de fatigue quand l’attente est très longue, ou qu’il a faim ou autre événement qui pourrait perturbé et non anticipé.
    J’applique le timing , les préparations avant les activités ou sorties. Je n’ai à ce jour jamais eu de crises en supermarché, (sauf s’il voit du pain car il en est fan 😂😂). Il fréquente d’autres enfants fait parti d’un groupe de sports et activités avec un animateur et des enfants et tout se passe bien (retour des animateurs: très appliqués et attentif. Participe. Lorsqu’on lui rappelle les règles est en capacité de revenir au calme). C’est vraiment totalement différent entre le comportement à l’école et celui à l’extérieur. D’où mes préoccupations.
    Je ne sais pas quoi faire. Je lui rappelle que je suis triste d’entendre la maîtresse me décrire son comportement sachant qu’il est tout autre à là maison où en dehors.
    C’est long et ça pourrait l’être plus et j’en suis désolée mais voilà si jamais je peux lire vos petits retour et mettre des petites lumières dans mes pensées, je serais ravie et vous remercie par avance.

  6. Bonjour, Top, merci! Dans votre article mise en lumière de questionnements fréquents est très accessible. Cela permet de relativiser et adapter certaines pratiques. On apprend tous les jours! Merci!!!

  7. Bonjour,
    Merci pour cette article et tout vos articles. Je me documente beaucoup sur la pédagogie montessori. J’ai 35 ans et je travaille dans une école privée qui utilise la pédagogie montessori parmis tant d’autre. Je suis enseignant anglophone. Je suis actuellement en formation à distance pour pour enseigner l’anglais pour les enfants de 3-10 ans selon la méthode montessori. Vos articles m’aide vraiment à comprendre beaucoup de choses. Merci Flora.

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