Je sais qu’il peut-être difficile de poser des limites à son enfant, et que parfois nous en faisons trop, parfois pas assez. Le défi est de poser des limites claires et précises, d’accorder du temps à l’enfant pour les comprendre et les intégrer et de savoir être compréhensif et emphatique lorsque ces limites le chagrinent.
Voici donc un exercice de parentalité qui s’étale dans la durée… disons jusqu’à ce qu’il quitte le foyer… Bon courage !
J’entends parfois dire qu’avec Montessori, l’enfant fait ce qu’il veut, que ce sont des enfants rois etc… Argh ! rien que d’écrire ces mots, ça me fait grincer les dents !
La méthode Montessori n’est ni permissive, ni autoritariste, il s’agit en fait d’accorder à l’enfant une grande liberté et autonomie mais dans un cadre défini avec des règles claires, précises et cohérentes.
« Je ne fais pas ce que je veux mais je fais ce qui est bon pour moi »
Comment déterminer ces limites ?
Vous devez avoir réfléchi aux limites que vous fixez en amont, savoir pourquoi vous les imposez.
Si votre enfant demande « Pourquoi? » vous devez pouvoir lui répondre autre chose que « Parce que c’est comme ça ! » Même si nous pouvons être fatigués de nous répéter encore et encore, il est important d’avoir une raison valable lorsque l’on place une limite et d’être capable de l’expliquer.
Il est également intéressant de se remettre parfois en question et lorsque, lors d’une situation inattendue, on fixe une règle à la hâte, de se poser la question : « Pourquoi je dis ça ? Est-ce pertinent ? »
Ces règles doivent être faciles à comprendre et à appliquer par l’enfant, aussi elles doivent évoluer à mesure que votre enfant grandit. N’attendez pas de votre enfant qu’il fasse ce qu’il n’est pas capable (physiquement ou intellectuellement) de faire. (Voir les différents stades de développement de l’enfant.) Il en est de même pour la liberté que vous lui accordez, cela dépendra de son âge et de ses capacités.
Si l’enfant fait quelque chose qui vous semble inapproprié mais que vous ne lui aviez pas imposé de limite à ce sujet, pensez bien qu’il n’est pas fautif et ne lui tombez pas dessus de manière excessive. Baissez-vous à hauteur de ses yeux et expliquez-lui calmement pourquoi il ne peut pas faire cela. Vous pouvez lui demander de répéter pour vérifier qu’il a bien compris si il est assez grand pour le faire. (zen, soyons zen… 😉 )
Vous seul êtes capable de fixer ces règles en accord avec votre conjoint (ou vos collègues si vous vous travaillez avec les enfants) car vous devez respecter vos propres limites de tolérance en compagnie de l’enfant.
Ces règles sont en lien par exemple avec la sécurité, la politesse, le respect des autres personnes et des objets, etc…
Essayez de ne pas avoir trop de règles à la maison car cela donnerait l’effet inverse de ce que nous recherchons. L’enfant se braquerait et ne se sentirait pas libre de ses actions, il ne deviendrait donc pas autonome et confiant en ses capacités. Plus la discipline est amenée avec souplesse, mieux cela fonctionne.
Vous devez apprendre à lâcher prise, à lui faire confiance sur beaucoup de choses. Un enfant à qui on fait confiance et à qui on donne de nombreuses responsabilités sera plus calme et posé, il sera plus à même de vous écouter et de vous faire confiance à son tour.
Armez-vous de patience et préparez-vous à vous répéter, beaucoup, souvent, le temps qu’il apprenne chaque règle et teste régulièrement si celles-ci sont toujours en vigueur…
Et n’oubliez pas de respecter vous-même les règles que vous avez fixées. Rappelez-vous que vous êtes un modèle pour votre enfant et que vous ne pouvez pas attendre de lui une chose que vous ne faites pas vous-même.
« Nous devons être porteur des valeurs que nous souhaitons voir chez l’enfant ».
Dispensez-vous assez d’amour dans vos limites ?
- Utilisez une voix ferme mais aimante, pensez à vous baisser pour lui parler les yeux dans les yeux et non de haut.
- Essayez de canaliser votre peur ou votre agacement, voire votre colère avant de rappeler une limite à votre enfant. (je sais que selon l’endroit où l’on se trouve sur le chemin de la « parentalité bienveillante » cet exercice n’est pas toujours simple).
- Respectez toujours l’enfant face à vous comme s’il s’agissait d’un autre adulte. (garder cette vision des choses nous remet à notre place lorsque nos gestes ou nos paroles peuvent dépasser notre pensée)
- Essayer de trouver un compromis pour satisfaire chacun. (Par exemple vous avez besoin de calme et lui veut s’amuser, on détermine un temps pour chacun avec un timer et on respecte son engagement).
- Ne pas hésiter à le prendre dans vos bras, à faire un câlin et donner des paroles réconfortantes et compréhensives s’il est triste ou se sent frustré par certaines limites. Montrez-lui que vous comprenez ses émotions en disant par exemple « je comprends, tu es en colère car tu voulais un yaourt et tu ne peux pas en avoir car nous allons tous passer à table dans quelques instants. En effet, c’est difficile d’attendre lorsque l’on a faim… » Bien souvent le fait de nommer les émotions de l’enfant le calme car il se sent entendu et compris.
La vision de Maria Montessori
Pour Maria Montessori, Discipline et Liberté sont indissociables.
« La discipline est un but à atteindre, c’est une construction, ce n’est pas quelque chose qui préexiste ».
L’adulte doit être préparé pour répondre aux besoins de l’enfant, tout comme l’environnement doit être adapté. Il en découlera ainsi certaines limites et règles précises qui formeront un cadre pour l’enfant.
Ce cadre est primordial pour que l’enfant puisse évoluer en toute liberté et choisir ses activités de manière autonome. C’est dans cette liberté que l’enfant pourra construire une grande sécurité intérieure, une confiance en lui et donc façonner sa personnalité.
Voici quelques exemples des limites que l’on retrouve dans une classe Montessori :
Premièrement on respecte les autres, on ne dérange pas un enfant qui travaille et on interrompe jamais la concentration d’un autre. Les enfants apprennent cela en début de cycle grâce à de petites scènettes de Grâce et Courtoisie, par exemple comment s’adresser à un camarade ou à un adulte… Ils apprennent également qu’il faut respecter le matériel, chaque matériel a une place définie et doit y retourner, on le posera sur une table ou sur un tapis si on veut travailler au sol. Dans la classe il n’y a qu’un seul exemplaire de chaque matériel ce qui impose une certaine discipline pour de petits enfants, ils apprennent donc la patience. On leur montre tous les gestes dont ils auront besoin pour se déplacer sans faire de bruit par exemple etc…
Une fois qu’ils connaissent ces règles, ils deviennent libres de travailler l’activité qu’ils souhaitent quand et combien de fois ils le souhaitent. Ils occupent donc leur temps de travail en suivant leur rythme, leur « guide intérieur » comme disait Maria Montessori.
Je vous laisse mettre en application ces quelques conseils et n’hésitez pas à me faire part de votre expérience dans les commentaires !
Profitez un max de vos enfants, un jour ils seront grands ! 😉