Bien savoir parler anglais est aujourd’hui un critère de sélection dans de nombreux secteurs d’activité. Selon votre métier, vous pouvez être amené à voyager à l’étranger ou à être en contact avec des personnes de nationalités différentes.
C’est pourquoi aujourd’hui, j’aimerais vous parler de l’importance d’apprendre une langue étrangère à votre enfant et vous donner quelques explications et conseils.
Grâce à notre expérience d’expatriés aux États-Unis, notre fille Camille est devenue bilingue. J’en ai également appris d’avantage sur le sujet au fil de mes formations et recherches.
Pour vous resituer tout cela, je vous rappelle que nous sommes une famille avec un papa français, une maman française, une petite fille de 4 ans et demi née en France et un petit garçon de 2 ans né aux États-Unis. Nous sommes partis vivre aux États-Unis lorsque Camille avait 7 mois. Elle était baignée dans une atmosphère à la maison où l’on parle majoritairement Français et à l’extérieur où l’on ne parlait qu’Anglais. Lorsqu’elle a eu 2 ans nous l’avons inscrite à l’école Montessori du quartier où tout le monde ne s’adressait à elle qu’en Anglais. Elle a très vite absorbé la langue et comprenait tout ce qu’on lui disait, au bout de 4 mois maxi elle s’est mise à parler anglais. Lorsque nous sommes rentrés en France, elle avait 3 ans et demi et était bilingue, il n’y avait aucune différence aussi bien grammaticale, que lexicale ou même au niveau de l’accent avec les petits américains que nous fréquentions.
Aujourd’hui, de nombreuses études ont été faites sur le sujet et le résultat est que deux catégories d’enfants peuvent être considérées comme bilingues. Ceux dont les parents sont d’origines différentes et où chacun leur parle dans sa langue maternelle, et ceux qui vivent dans un pays étranger pendant plusieurs années de leur petite enfance et qui vont à l’école en suivant les cours uniquement dans la langue locale.
Malheureusement pour Camille, qui a aujourd’hui 4 ans et demi, elle ne sera pas restée assez longtemps et surtout elle est partie trop petite pour maintenir son niveau en anglais. Après un an passé en France dans une école française, elle a oublié une grande partie de son vocabulaire et a du mal à construire des phrases entières en anglais. Et tout cela malgré le fait qu’elle entretienne toujours une relation longue distance avec ses amis américains, que nous lisions chaque soir des livres en anglais, que nous chantions beaucoup de comptines anglo-saxonnes.
Nous venons de passer 2 semaines entre New York et la Virginie, hébergés chez nos amis américains et nous avons pu constater qu’en effet Camille comprenait encore assez bien, mais avait plus de mal à s’exprimer. Deux semaines c’est court, on a quand même pu constater une petite progression au fil des jours comme si ça lui revenait petit à petit, par contre son incroyable accent est toujours là :).
Pourquoi est-ce beaucoup plus facile d’apprendre plusieurs langues avant 7 ans ?
En effet comme pour n’importe quel apprentissage, et c’est là tout le travail de recherche de Maria Montessori, il est prouvé qu’avant 7 ans les enfants absorbent tout. Leur cerveau est en pleine construction et ils se nourrissent de tout ce qui les entoure sans la moindre distinction, le bien, le mal, le facile, le complexe, pour eux il n’y a aucune différence dans le fait de retenir une information.
Nous pouvons constater qu’un enfant de 3 ans est capable de former des phrases dans sa langue maternelle, avec toutes les subtilités et complexités qu’elle comporte sans pour autant avoir reçu d’enseignement particulier. Il lui suffit d’être baigné dans un univers langagier pour l’intégrer. Et bien, il n’y a aucune différence entre apprendre une langue ou en apprendre plusieurs à la fois. L’enfant n’est pas limité par un nombre d’informations à enregistrer, il assimile simplement tout ce que nous voulons bien mettre à sa disposition.
« C’est une espèce de chimie mentale qui s’opère en lui. Les impressions pénètrent dans son esprit et s’incarnent en lui. » Maria Montessori.
Maria Kihlstedt écrit dans « Les avantages du bilinguisme précoce » :
« Ces câblages installés au moment de la construction du langage ont des répercussions sur tout l’avenir de l’enfant.
En effet, ce qui se passe du point de vue neurologique, c’est que certaines connexions entre les neurones (synapses) sont sollicitées au moment où la malléabilité corticale du cerveau bat son plein, connections qui, chez les enfants monolingues, ont été sclérosées à l’âge du langage avec pour résultat qu’une fenêtre cognitive s’est fermée à jamais.
En plus d’excellents résultats dans la capacité linguistique, on a pu constater également chez les enfants bilingues ou multilingues une souplesse mentale, une mobilité conceptuelle et une capacité à résoudre des problèmes plus importante que chez les enfants monolingues. Les retombées sont particulièrement impressionnantes dans le domaine des mathématiques où les enfants issus de l’enseignement bilingue ont systématiquement des scores supérieurs à leurs camarades monolingues.
Ce phénomène s’explique par la stimulation intellectuelle apportée par le bilinguisme. Plus précisément, les capacités phonologiques et grammaticales ainsi que la capacité de calcul sont régies par la même aire cérébrale frontale (aire de Broca). C’est ainsi que la stimulation de cette aire par le bilinguisme précoce aboutit à la création de nombreuses connections neuronales qui auraient des répercussions directes sur les potentialités intellectuelles. »
Au delà de 7 ans, l’acquisition d’une langue étrangère représente une conquête intellectuelle et cela devient bien plus laborieux.
« Après 13 ans, l’appareil phonatoire et articulatoire se fige, ce qui explique que les adultes ont tant de mal à apprendre les langues étrangères » écrit Claude Hagège, linguiste, professeur au Collège de France, dans son ouvrage « L’enfant aux deux langues ».
Apprendre une langue étrangère à l’école
Selon le ministère de l’Éducation nationale, « chaque élève doit être capable de communiquer dans au moins deux langues vivantes à la fin de l’enseignement secondaire ». Cependant, une étude sur les compétences linguistiques des jeunes Européens âgés de 14 à 16 ans a été menée en 2012 par la Commission européenne et le résultat était que les élèves français n’atteignaient pas les exigences escomptées en Anglais et en Espagnol.
En effet, quelques cours par semaine avec un enseignant le plus souvent francophone qui n’a pas appris cette langue par ses parents ou en vivant de nombreuses années dans le pays en question durant son enfance ne suffit malheureusement pas.
C’est pourquoi aujourd’hui la plupart des écoles privées sont « bilingues », ce qui séduit de plus en plus de parents.
Ce que proposent la plupart des écoles Montessori en France
Pour que l’enfant parle une deuxième langue aussi bien que la première il faut qu’il pense dans cette langue et non qu’il traduise sa pensée. C’est pourquoi il doit être en immersion et que de simples cours ne suffisent pas.
Dans la plupart des écoles Montessori en France, on trouve dans chaque classe une éducatrice ou un éducateur francophone et un ou une anglophone (et parfois Allemand, Espagnol etc.). C’est ce qu’on appelle être en immersion : l’adulte ne parle et montre qu’il ne comprend que l’Anglais par exemple, il ne fait jamais de traduction. L’ensemble de l’enseignement est alors dispensé dans les deux langues en parallèle pour tous les enfants. Il ne s’agit donc pas seulement d’apprendre une langue comme l’Éducation Nationale le propose mais de parler, entendre, travailler dans cette seconde langue. Et pour finir, il est intéressant d’apprendre également la culture et les traditions des pays dans lesquelles elle est parlée.
Lorsque vient le moment d’apprendre à lire, l’enfant commence par apprendre les lettres qui ont le même son dans les 2 langues puis lorsque l’exercice d’associer les sons aux lettres est compris, il apprend facilement à lire dans les 2 langues. J’entends parfois des parents s’inquiéter que l’enfant puisse mélanger les deux langues et en être perturbé, je vous rassure, cela ne pose aucun soucis !
Alors comment aider nos enfants à atteindre un meilleur niveau que ce que nous propose l’école ?
Il est toutefois possible d’introduire vous même une seconde langue à votre enfant dès le plus jeune âge et même s’il ne s’agit pas de votre langue maternelle. Si vous êtes plutôt à l’aise dans une langue étrangère comme c’est notre cas pour l’anglais, vous pouvez essayer de parler le plus possible dans cette langue avec votre enfant. Un des deux parents peut aussi prendre la décision de ne parler que cette langue lorsqu’il s’adresse à votre enfant.
Avec Charlie, par exemple, je parle anglais le plus possible même si cela me demande un certain effort, puisque je dois aller contre mon réflexe de parler français qui est ma seule langue maternelle. Pour m’aider j’ai pris la décision que lorsque nous faisons certaines activités ou lorsque nous nous rendons dans certains lieux comme le parc par exemple, je ne m’adresse à lui qu’en anglais.
Si votre budget vous le permet vous pouvez aussi prendre la décision de confier cette initiation à une personne étrangère à la famille, native du pays où est parlée cette langue, qui viendra garder votre enfant plusieurs heures par semaine. Voyager également rend plus concret le fait de pratiquer une deuxième langue.
Essayez de lire beaucoup de livres dans cette langue, adaptés à l’âge de l’enfant, de lui faire écouter des comptines ou des chansons que vous appréciez, de jouer à des jeux de société.
Quand à la télévision, il n’est évidement pas recommandé de mettre un enfant de moins de 3 ans devant la télé. De plus il a été prouvé par plusieurs études récentes qu’il n’est pas possible d’apprendre en regardant simplement la télé.
Tout cela permettra à l’enfant d’être initié à une seconde langue, d’affiner son oreille et d’élargir son esprit, il peut même tout à fait comprendre lorsque l’on s’adresse à lui. Mais à moins qu’une personne désignée ne s’adresse à lui uniquement dans cette langue en lui faisant comprendre qu’elle ne comprend que cette langue, comme ce serait le cas avec une assistante maternelle ou une éducatrice Anglophone, il risque de ne pas s’en servir lui-même. En effet l’humain parle pour répondre à un besoin de communiquer, s’il n’a pas besoin de parler cette langue car il sait que tout le monde parle sa propre langue maternelle, alors il y a de grandes chances pour qu’il ne l’utilise pas ou pas plus que des mots par-ci par-là comme commence à le faire Charlie qui vient d’avoir 2 ans.
Cependant lorsque, plus tard il sera confronté à cette langue étrangère, que ce soit durant ses études, son emploi ou pour voyager, il sera beaucoup plus à l’aise que la plupart des Français. 😉
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Bonjour, avez-vous testé Kokoro lingua ?
Bonjour, non je ne connais pas. Nous n’utilisons que des supports tels que livres, jeux, cartes, films etc.